Engagement

Adhérents et adhésions aux associations en 2017

Tribune Fonda N°239 - Les dynamiques de l'engagement - Septembre 2018
Lionel Prouteau
Lionel Prouteau
Comment se répartissent les adhésions aux associations ? Quelles permanences et quelles transformations observe-t-on en quinze ans ? Données et chiffres sur les adhésions et adhérents aux associations en 2017 et leur évolution par rapport à 2002.
Adhérents et adhésions aux associations en 2017

Nous utilisons ici une enquête très récente (juin 2017)1 , pour dresser un bref état des adhésions et adhérents aux associations en France. La confrontation des résultats de cette enquête à ceux de l’enquête Vie associative que l’Insee a réalisée en 2002 suggère l’existence de permanences mais aussi de quelques évolutions s’agissant des caractéristiques des adhérents et des types d’association dont ils sont membres.

 
État des adhésions aux associations en 2017


Près de la moitié de la population de 18 ans et plus adhère à au moins une association. Le taux global d’adhésion (tous types associatifs confondus) calculé sur la population prise pour référence (18 ans et plus) est de 48 % (tableau 1, dernière colonne), ce qui correspond à un nombre d’adhérents d’un peu plus de 24 millions.

C’est le domaine de la défense de droits, de causes et d’intérêts qui apparaît le plus attractif. Mais il s’agit d’un ensemble très composite. En son sein, ce sont les associations de parents d’élèves qui réunissent le plus d’adhérents devant les associations s’occupant de questions environnementales, les associations paroissiales et religieuses, les associations de locataires, propriétaires et copropriétaires puis les groupements professionnels, y compris syndicaux (lorsqu’ils ont un statut associatif). Les autres types d’associations de ce domaine connaissent une fréquentation plus limitée.
  

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Derrière la défense des droits, de causes et d’intérêts, viennent les associations sportives, puis celles du domaine de l’action sociale et caritative. Dans ce dernier cas, c’est la participation aux associations caritatives et humanitaires qui dominent largement avec une participation de 7 % de la population. Les loisirs et la culture sont les quatrième et cinquième domaines associatifs par ordre décroissant de fréquentation. Puis suivent la santé ainsi que l’éducation et la formation avec des taux d’adhésion nettement plus faibles, inférieurs à 4 %.

S’agissant des associations du domaine de la santé, ce sont celles qui se consacrent à l’aide à la recherche médicale qui sont les plus prisées devant celles qui aident les malades puis les associations, groupements ou amicales de malades. En ce qui concerne le domaine de l’éducation et de la formation, ce sont les associations de soutien scolaire, d’aide aux devoirs et d’alphabétisation qui recueillent le plus d’intérêt et distancent nettement les autres types d’associations éducatives. Enfin, le développement économique et local est le domaine recueillant le moins d’adhérents avec à peine 1 % d’entre eux.

 

Les adhésions


Une personne peut être membre de plusieurs associations. Cette situation de pluri-adhésion concerne près de 35 % des adhérents. Les adhésions sont donc évidemment plus nombreuses que les adhérents. Le nombre des premières est estimé à un peu plus de 40 millions. Leur répartition par domaine d’activité est en consonance avec la hiérarchie des taux d’adhésion (graphique 1).

Les associations dont les activités ont un caractère que l’on peut appeler récréatif, à savoir les associations sportives, culturelles et de loisirs, représentent ensemble 46 % du total des adhésions.
 

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Les profils des adhérents


L’analyse des données de l’enquête CRA – CSA 2017 permet d’étudier les éventuelles corrélations entre certaines caractéristiques sociodémographiques des enquêtés et leur propension à adhérer. Ainsi apparaît-il que si, mesuré globalement, le taux d’adhésion des hommes est supérieur à celui des femmes, c’est essentiellement du fait de la prédominance masculine parmi les adhésions sportives et, dans une moindre mesure, dans les associations de loisirs. En revanche, les femmes sont davantage susceptibles que les hommes d’adhérer à des associations culturelles, sociales, éducatives et de santé.

L’avancée en âge s’accompagne d’une moindre fréquentation des associations sportives mais d’une plus forte inclination à adhérer aux associations d’action sociale et caritative. L’adhésion aux associations culturelles, éducatives, de défense de droits, de causes et d’intérêts mais aussi, dans une certaine mesure, aux associations sportives croît avec le niveau de diplôme.

Les agriculteurs, les indépendants non agricoles, les cadres et les professions intermédiaires sont les catégories sociales qui ont les taux d’adhésion les plus élevés. Une pratique religieuse (et non le seul sentiment d’appartenance à une religion) est associée à une participation associative plus élevée dans les domaines de la santé, de l’action sociale et caritative, de l’éducation et de la défense des droits. Une tradition familiale d’engagement, appréhendée via la réalisation d’activités bénévoles par les parents des enquêtés quand ces derniers étaient adolescents, favorise la fréquentation des associations.

Enfin différents usages d’Internet et des réseaux sociaux (s’informer sur des questions politiques ou de société, signer des pétitions, participer à des campagnes de dons en ligne…) sont généralement corrélés à des propensions plus élevées à adhérer sans que l’on puisse pour autant en inférer un sens de causalité : les usages susmentionnés d’Internet et des réseaux sociaux peuvent favoriser l’adhésion mais, à l’inverse, être membre d’une association peut également stimuler ces usages.


Une attraction croissante pour les associations d'action sociale, caritatives, de santé et d'éducation


Nous pouvons bien sût être tentés de rapprocher les résultats obtenus par l’enquête CRA – CSA 2017 de ceux issus de l’enquête Vie associative 2002 de l’Insee pour mettre en évidence d’éventuelles évolutions. Ce rapprochement doit rester prudent car les deux enquêtes ne sont pas identiques dans leur méthodologie même si elles présentent des similitudes dans leur démarche et leur questionnaire, notamment au niveau de l’identification des adhérents.

De cette comparaison découlent le constat d’un léger accroissement du taux global d’adhésion (tableau 1) et surtout celui d’une augmentation substantielle de l’attractivité des associations d’action sociale et caritative ainsi que de celles qui se consacrent à la santé et à l’éducation-formation. Dans le même temps le taux d’adhésion aux associations de défense de droits, de causes et d’intérêt apparaît avoir reflué.

S’agissant des caractéristiques des adhérents, on note un certain nombre de convergences entre les deux enquêtes. Certaines différences sont néanmoins observées. Nous n’en évoquerons que quelques-unes ici. Ainsi, la propension à adhérer considérée au niveau global est-elle assez stable sur le cycle de vie en 2017 tandis qu’en 2002 elle augmentait avec l’avancée en âge.

Il reste que dans les deux enquêtes les jeunes et les seniors ont des tropismes associatifs distincts : les premiers sont particulièrement attirés par les associations sportives (sans que ce soit exclusif), les seconds par l’action sociale et caritative. Une deuxième différence vient de la quasi-absence de corrélation entre adhésion et revenu domestique en 2017 tandis que l’enquête de 2002 montrait une inclination à adhérer croissante avec le revenu perçu par le foyer. Une troisième différence réside dans la fréquentation désormais plus importante des associations dans les grands centres urbains par rapport aux zones moins densément peuplées, ce qui n’apparaissait pas être le cas en 2002. Il reste à confirmer l’existence de ces évolutions et à en expliquer les facteurs.

 



L’enquête du Centre de recherche sur les associations – CSA 2017

Conçue par le Centre de recherche sur les associations (CRA) et administrée par l’Institut de sondage CSA, l'enquête réalisée en 2017 a pour objectif d’éclairer la situation du bénévolat. L’enquête CRA-CSA 2017 permet de donner des informations détaillées sur les adhérents et adhésions aux associations. Elle repose sur l’administration en face-à-face d’un questionnaire à un échantillon de 5 039 individus de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.Cet échantillon a été construit selon la méthode des quotas sur la base du sexe, de l’âge, de la catégorie socioprofessionnelle, du niveau de diplôme, de la région de résidence et de catégorie d’agglomération.

→ Accédez à la synthèse des résultats de cette enquête, rendue possible grâce à l’appui de la Fonda et de nombreux partenaires financiers.

  • 1Enquête CRA-CSA 2017, dirigée par Lionel Prouteau. Synthèse et rapport en ligne à partir du 17 octobre 2018
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