Enjeux sociétaux

« La Cloche a été créée pour donner à chacun du lien social. »

Tribune Fonda N°252 - L'inclusion comme horizon - Décembre 2021
Goli Moussavi
Goli Moussavi
Et La Cloche, Hannah Olivetti
Pour agir contre la grande exclusion, tisser des liens sociaux et bousculer les représentations sur la vie à la rue contribuent tout autant qu'une aide matérielle. C'est sur ces trois ressorts que s’appuie l'association La Cloche, fondée en 2014. Avec 40 salariés, 300 bénévoles et plus de 1000 commerçants et jardiniers, Clochettes et Carillons résonnent dans 9 grandes villes françaises, ainsi qu'à l'étranger.
« La Cloche a été créée pour donner à chacun du lien social. »
Autocollant le Carillon sur la devanture d'un commerçant solidaire. Celui-ci précise que dans ce commerce, une personne sans domicile peut (de gauche à droite et de haut en bas) consulter un livre, recharger son portable, récupérer des invendus, boire de l'eau, bénéficier d'un plat suspendu, utiliser les toilettes et obtenir du pain. © Arnaud Buissou, TERRA

Propos recueillis par Hannah Olivetti de la Fonda

Comment est née votre association la Cloche ? Et où en êtes-vous aujourd’hui ?


L’association a été créée en 2014 à partir d’un triple constat : la dégradation continue des conditions matérielles des personnes sans domicile, leur exclusion sociale et les citoyens qui veulent agir, mais ne savent pas comment faire.

Selon la fondation Abbé-Pierre, on comptait 300 000 personnes sans domicile en 2020.

Avec la crise liée au COVID-19, ce chiffre continue d’augmenter. Une quarantaine de salariés et environ 300 bénévoles portent ce projet en France. L’association est présente dans neuf grandes villes françaises : Paris, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg et Rennes. 

Sur chacun de ces territoires, des bénévoles et des salariés composent une équipe locale.

En quoi consistent vos programmes phares le Carillon et les Clochettes ?

Depuis 2015, le Carillon mobilise plus de 1 000 commerçants solidaires.

Ces derniers proposent aux personnes de la rue des services du quotidien, par exemple utiliser les sanitaires, réchauffer un plat, recharger un téléphone portable, etc. Certains services plus coûteux sont offerts par le commerçant ou par des clients, sur le modèle des « produits en attente », comme les « cafés suspendus ».

Notre autre programme s’appelle les Clochettes. Nous proposons à des jardins partagés ou des potagers urbains d’ouvrir leurs activités aux personnes en précarité qui vivent dans le quartier. Paris compte par exemple 18 initiatives de ce type.

Comment mobilisez-vous les possibles parties prenantes ?

Lorsque nous arrivons sur un territoire, nous dialoguons avec tous les partenaires possibles, afin d’être le plus complémentaire possible. Nous démarchons les commerçants avec du porte-à-porte. Nous allons aussi à la rencontre des publics en situation de précarité en organisant des maraudes de lien social.


Quelles sont vos perspectives à terme ?

Travailler à la réplicabilité des programmes, créer des parcours d’engagement citoyen et porter un plaidoyer auprès des pouvoirs publics.
 

Un reportage d'Axel Lebruman / Moderne Multimédias pour Solidarum.org  / CC BY-NY-SA 3.0
Entretien