Enjeux sociétaux

L’accompagnement pluriel d’Article 1 pour réduire les inégalités d’accès à l’éducation et à l’emploi

Tribune Fonda N°242 - Favoriser l'accès de tous à l'éducation - Juin 2019
Article 1
Focus sur les actions de l’association Article 1, qui visent à limiter ces inégalités en prolongeant les politiques publiques dans les champs de l’éducation et de la jeunesse par l’accompagnement de publics issus de milieux défavorisés.

Par l’équipe de recherche de Frateli Lab/Article 1.
 

Les missions d’Article 1 reposent sur le constat d’inégalités sociales et de discriminations qui entravent les parcours de jeunes issus de milieux populaires à différentes étapes.

En 2012, parmi les jeunes âgés de 20 à 24 ans dont le père est cadre ou de profession intermédiaire, 78% ont eu accès à l’enseignement supérieur tandis que parmi les individus dont le père est ouvrier ou employé, cette proportion est de 42%.

De même, la part de jeunes ayant obtenu un DEUG ou une licence est de 9% parmi les individus âgés de 25-29 ans dont le père est ouvrier ou employé, contre 21% parmi ceux dont le père est cadre ou de profession intermédiaire.

Enfin, la part de ceux diplômés d’une grande école est de 2% parmi les individus dont le père est ouvrier ou employé contre 12% parmi ceux dont le père est cadre ou de profession intermédiaire.

Au moment de l’insertion professionnelle, l’effet de l’origine sociale à diplôme égal continue à jouer et se cumule avec d’autres formes d’inégalités, liées notamment au genre, à la zone de résidence ou à l’origine migratoire.


Les solutions d'Article 1 pour faire face à ces inégalités


Plusieurs accompagnements sont proposées par Article 1, fusion récente de Frateli (créée en 2004) et de Passeport Avenir (fondée en 2005) :

  • le public lycéen peut accéder à un programme de suivi de la Seconde jusqu’à Bac +3 dans le cadre du programme L’Envol, ou bénéficier d’un accompagnement personnalisé à la préparation de l’orientation post-bac via le programme Inspire ;
     
  • le public étudiant peut être accompagné individuellement via le programme de Mentorat, chaque étudiant·e étant suivi·e par un·e professionnel·le afin de bénéficier d’un soutien moral et méthodologique, tout en participant également à des événements adaptés aux différentes étapes du parcours.


D’autres programmes se centrent sur des configurations ou des ambitions particulières. Le programme MA1SON accompagne des étudiant·e·s en résidence sociale à travers des ateliers de développement de compétences et un projet annuel. Deux espaces de travail partagés et un programme de pré-incubation (Tous Entrepreneurs) sont également mis à disposition de jeunes en création de projet.

Enfin, consciente des enjeux croissants autours de la reconnaissance des soft skills (ou compétences transversales), Article 1 construit un nouveau programme, Jobready qui repose sur une plateforme numérique d’identification, de développement et de micro-certification des soft skills, et sur des ateliers de sensibilisation et de mise en pratique à travers des activités et des projets collaboratifs.


La communauté Article 1


L’action d’Article 1 repose sur une équipe d’environ 80 salarié·e·s, répartie sur 9 régions : Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Hauts de France, Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Bretagne et Provence Alpes Côte d’Azur.

Une communauté de 18 500 bénévoles, étudiant·e·s et professionnel·le·s, permet à l’association de déployer l’ensemble de ses programmes sur le territoire. Ils peuvent endosser différents rôles : étudiant·e·s-éclaireur·euse·s ou animateur·trice·s d’ateliers pour le pôle Orientation, ils peuvent être fédérateur·trice·s de communauté, mentors ou animateur·trice·s d’ateliers pour le Mentorat, coachs pour les équipes projets des MA1SON ou encore mentors pour la promotion d’étudiant·e·s de Tous entrepreneurs.

L’action d’Article 1 est également soutenue par plus de 200 entreprises et fondations partenaires, dont certaines facilitent l’engagement de leurs salarié·e·s auprès de l’association. Elles peuvent soutenir l’action d’Article 1 sur l’ensemble de ses actions ou sur un programme spécifique, comme la Fondation Ardian concernant le développement du Miksi, l’espace de coworking au sein de la Cité Internationale Universitaire de Paris, ou Google auprès de la plateforme de Jobready. 

Ne voulant se substituer au rôle de l’école, Article 1 entretient également des relations privilégiées avec plus de 210 établissements scolaires partenaires, lui permettant de communiquer autour de ses programmes aux lycéen·ne·s et étudiant·e·s et d’en faciliter le déploiement. Les équipes pédagogiques interviennent avec Article 1 à titre bénévole et leur implication est très importante pour ancrer l’action d’Article 1 en complément aux formations délivrées par les établissements.

Article 1, c’est aussi cinq chercheur·e·s qui accompagnent la mesure d’impact de l’association et mènent des travaux en lien avec certains programmes.

Les institutions publiques soutiennent également l’action d’Article 1. C’est le cas notamment du Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche qui soutient la plateforme Inspire ou les Ministères de l’Agriculture et de l’alimentation, celui de la Transition écologique et solidaire et celui de l’Economie et des finances. qui participent au contrat à impact social “Persévérance et ambitions scolaire dans les zones rurales”.

Enfin, Article 1 s’intègre dans un tissu associatif plus large et partage ses outils ou réfléchit à ses actions en collaboration avec des structures comme Unis-Cité ou Animafac.

Cette volonté de travailler main dans la main avec d’autres associations est symbolisée par le projet de l’Ascenseur mené conjointement par Article 1 et Mozaïk RH. Lieu unique et collectif au service de l’égalité des chances, l’Ascenseur regroupe 15 associations pour fédérer une communauté d’acteurs de l’accompagnement.


Des résultats encourageants


Le pôle Orientation accompagne des jeunes dans leur recherches de futures pistes d’études. Sur la plateforme Inspire, on recense 80 000 lycéen·ne·s inscrit·e·s depuis le début de l’année scolaire et 17 000 “étudiant·e·s éclaireur·euse·s” prêt·e·s à répondre à leur questions concernant l’enseignement supérieur. Le programme présentiel dans des lycées généraux ou technologiques en QPV ou recrutant en zone REP/REP+/rurale a rencontré plus de 12 000 lycéen·ne·s pour des ateliers d’orientation et plus de 1000 lycéen·ne·s sur des ateliers d’introduction aux codes professionnels. Le programme a vocation à la fois d’élever le niveau d’ambition des élèves issus de milieux populaires et de lutter contre l’autocensure en fournissant une information claire sur les différentes poursuites d’étude. Parmi les pistes indiquées comme favorites par les lycéen·ne·s inscrit·e·s, une sur deux n’était pas envisagée avant l’arrivée sur Inspire.

Grâce au Mentorat, le taux d’abandon en première année de CPGE baisse de 32%. Le taux d’accès aux grandes écoles après deux ans de CPGE est de 70,3% parmi les mentoré·e·s tandis que le taux attendu compte-tenu de la composition de l’échantillon en termes de filières de CPGE est de 49,8%. Alors que le taux d’emploi attendu compte-tenu de la filière est de 75,8%, le taux d’emploi observé est de 86,7%. Alors que le salaire moyen attendu est de 29 300 euros, celui-ci est de 33 600 euros bruts parmi l’ensemble des anciens associés diplômés de Master en 2016. Cela permet de penser que la valeur du salaire moyen augmente de 15% avec le Mentorat. Enfin, la satisfaction globale concernant le rapport au travail reçoit un score de 7,9 contre 6,7 sur 10 parmi les diplômés de Master issus de tous milieux sociaux.

Le programme MA1SON a directement bénéficié à 177 étudiant·e·s depuis son ouverture en 2014. Il présente pour l’année 2017-2018 un bilan positif, par exemple en termes de solidarité au sein de la résidence (4 étudiant·e·s sur 5 déclarent pouvoir compter sur leurs voisin.e.s) ou d’engagement (3 étudiant·e·s sur 5 s’impliquent dans une association de quartier). Les autres programmes demeurent en construction : l’association a rejoint les lauréats de l’Appel à manifestation d’intérêt “Transformation pédagogique et numérique” de 2017 pour construire un “Soft skills camp” au sein de l’Université Rennes 1 en 2018 et contribuer au référentiel du projet C² pour l’emploi. Article 1 est également en partenariat avec les membres de “Tech for good” depuis 2019 afin de travailler sur un langage commun et accessible autour des soft skills, et sur l’expérimentation de Jobready auprès de salarié·e·s.


Perspectives d'essaimage


L’enjeu essentiel de l’association est aujourd’hui de se développer en région afin de couvrir au mieux tout le territoire national. Cette stratégie de déploiement s’appuie sur l’ouverture d’antennes régionales permettant de s’adapter aux spécificités des territoires touchés. Les programmes de l’association reposant en partie sur des bénévoles pour animer les ateliers et accompagner les bénéficiaires, la mobilisation au plus près des territoires est donc fondamentale.

Toutefois, les programmes d’article 1 sont à différents niveaux de maturité et présentent différentes perspectives d’essaimage.

Le pôle Mentorat représente le cœur historique des activités de l’association. L’enjeu actuel est d'accompagner 2500 binômes mentoré·e/mentor·e et de permettre à 4 500 jeunes de suivre des activités du programmes Parcours via des ateliers en classe entière dans des établissements du secondaire ou des campus.

Sur le pôle Orientation, la plateforme Inspire fonctionne depuis 2015 et revendique plus de 80 000 inscrit·e·s sur l’ensemble de l’année scolaire et est ouverte à tou·te·s. Dans les prochaines années, l’objectif est d’arriver à 100 000 lycéen·ne·s inscrit·e·s par an en s’appuyant sur la labellisation de la plateforme par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, avec aussi une volonté d’essaimage des ateliers pour mobiliser davantage de jeunes issus de milieux défavorisés..

En ce qui concerne le pôle Compétences du XXIe siècle, l’enjeu le plus important pour la montée en puissance est le développement de Jobready, qui s’inscrit dans la logique actuelle de reconnaissance de nouvelles formes de compétences et dans leur prise en compte dans les parcours universitaires via l’UE Engagement mise en place en janvier 2017. Le programme MA1SON est également en expansion, avec un déploiement dans de nouvelles résidences prévu lors de la prochaine rentrée universitaire.

Pour aller plus loin, l’association consolide ses partenariats avec les acteurs publics comme privés. En outre, les activités de recherche et d’évaluation permettent d’analyser l’effet des programmes mais aussi de proposer des innovations dans les manières d’accompagner les jeunes.

Cela passe par exemple par la mise en place d’outils numériques qui s’appuient sur les sciences sociales ou d’ateliers en présentiel qui tiennent compte des caractéristiques sociales des jeunes accompagnés.
 

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