LA TRIBUNE FONDA N°210
août 2011
Éclairages pour l'avenir des associations (1)

La Tribune Fonda n°210 offre des premières ressources permettant de dresser un état des lieux du monde associatif.

Ces éléments de diagnostic constituent une étape importante dans l'exercice de prospective au service du monde associatif « Faire ensemble 2020 », impulsé par la Fonda en 2010.

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Dresser l'état des lieux du monde associatif

Édito écrit par
Pierre Vanlerenberghe
Ingénieur, syndicaliste


La prospective n'est pas une discipline scientifique qui verrait des savants, des « sachants », dire la vérité des choses. Certes, les travaux des experts hier a permis d'éclairer les avenirs et de les rendre possibles, via les décideurs politiques, économiques et sociaux, parce que nous étions dans des mondes relativement « stables » à court terme.

La réduc­tion sensible du nombre des agriculteurs a été organisée au sortir de la seconde guerre mondiale pour faire de notre pays une nation industrielle, ce qui exigeait l'urbanisation de la France ! Il en va tout autrement aujourd'hui.

Le monde bouge plus vite et plus profondément. La globalisation et la mondia­lisation sont là et durables, on n'en connaît pas les limites. L'Europe unie s'est faite, mais elle rencontre de profondes difficultés. Les systèmes de valeurs sont multiples, l'individualisme contemporain modifie les conditions d'exercice de la solidarité. Il est de plus en plus difficile de décrypter les évolutions et le jeu des acteurs. Rien n'est linéaire, tout est possible, pensons au printemps arabe !

C'est alors qu'il faut, plus qu'hier, faire l'effort de regarder lucidement le monde tel qu'il évolue mais sans s'enfermer dans des systèmes clos d'explication et en mobilisant de multiples regards car chacun détient des savoirs, une connaissance de la société. Et si l'on veut aller plus loin, rendre possibles les souhaitables que l'on désire, il est impératif d'associer à cette démarche le plus grand nombre .

En ayant proposé au monde associatif de réfléchir à comment « faire ensemble 2020 », nous avons voulu qu'il devienne de plus en plus autonome dans sa réflexion et dans son action pour une transformation durable et solidaire de notre société, en portant ses idéaux de coopération dans les rapports de forces et de négociation avec les autres acteurs de la société.

Nous avons ainsi demandé à plusieurs personnalités associatives de s'essayer à un état des lieux expert afin d'aider chacun à se projeter dans l'avenir en mobi­lisant ses propres connaissances sur six thématiques centrales pour les associations : leur modèle économique, leur rapport au politique, leur place dans la société civile, les conditions de l'engagement aujourd'hui, tout en resituant ces questions dans leur environnement socio-économique global dont l'évolution de l'Union européenne.

Nous présentons dans ce numéro les trois premières contributions, celle de Jean Bastide et Roger Sue sur les associations dans la société civile, celle de Jean-Michel Bloch-Lainé sur leur place dans l'action euro­péenne, et celle d'Henry Noguès sur le modèle économique associatif.

Jean Bastide et Roger Sue nous invitent ainsi à une relecture historique de la notion de société civile, au cœur de la question associative. Les conflits récur­rents entre l'État central et les corps intermédiaires sur la conception de l'inté­rêt général et sa détermination peuvent-ils être dépassés ? La décentralisation serait-elle de nature à favoriser enfin l'émancipation de la société civile et la reconnaissance du rôle de « collaborateur de l'intérêt général » des associa­tions ? Telles sont certaines des questions qu'ils explorent.

Jean-Michel Bloch-Lainé et Jean Bastide, au-delà du débat récurrent sur les associations et le droit européen de la concurrence, nous brossent les perspec­tives ouvertes par les orientations récemment retenues par l'Europe autour de la démocratie participative et de l'expérimentation sociale.

Quant à Henry Noguès, il nous introduit à une lecture du modèle économique associatif éclairante qui plaide pour la reconnaissance d'une économie plurielle. Entre l'État et le marché, il y a place pour d'autres formes économiques. Encore faut-il convaincre d'autres acteurs par la force de l'exemple, en acceptant de les moderniser ?

Ces contributions, qui seront suivies de trois autres dans le prochain numéro de la revue, ne prétendent pas épuiser les thématiques mais sont plutôt des regards pour stimuler notre réflexion collective.

Elles ont servi à la construction de divers scénarios qui ont permis de dégager des questions essentielles qui seront soumis avec eux au débat de l'Université d'automne des 22 et 23 novembre 2011.

Nous espérons que leur lecture apportera de l'eau au moulin de vos engagements et analyses !