Associations et démocratie

600 élu.e.s s’engagent en faveur des centres sociaux

Tribune Fonda N°245 - Associations et collectivités - Mars 2020
Fédération des Centres sociaux et socioculturels de France - FCSF
Ils sont signataires d'un manifeste « Les centres sociaux acteurs de la cohésion sociale et de la transformation de leurs territoires ».
600 élu.e.s s’engagent en faveur des centres sociaux
Synthèse du manifeste.

Cet article est une contribution à la version numérique enrichie de la Tribune Fonda n°245. Il ne figure pas dans la revue papier. Nous remercions Xavier Lionet, délégué général adjoint de la Fédération nationale des Centres sociaux et socioculturels de France, pour la rédaction de cet article. 

 

« S’il n’y avait pas eu le centre social, je ne serai pas en train de vous parler, c’est grâce au centre que je me suis engagé ! »


C’est après avoir entendu à maintes reprises des propos similaires de la part d’élus que cette conviction s’est installée : « Les élus sont les mieux placés pour expliquer à d’autres élus ce que sont et font les centres sociaux ! » En apportant ainsi une réponse à cette difficulté récurrente rencontrée par tout acteur du réseau lorsqu’il faut faire comprendre l’action des centres à des élus qui ne nous connaissent pas !

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Le réseau des centres sociaux en cinq chiffres. © FCSF.

 

C’est de là qu’a germé l’idée de « proposer à des élus de témoigner auprès de leurs consœurs et confrères de l’intérêt qu’ils ont à travailler avec un centre ! » En demandant à des élus d’expliquer à leurs pairs ce que représente le centre social pour leur territoire et pour les habitants qui y vivent, la Fédération des centres sociaux et socio-culturels de France (FCSF) s’est lancée dans un processus inhabituel de croisement des regards.

Soutenue par Territoires Conseils, cette démarche que nous avons appelée « des élus fiers de leur centre social » a été bâtie sur la base de trois objectifs : travailler à l’écriture de plaidoyers pour accompagner les membres du réseau dans leur posture et leurs rapports aux élus ; recueillir et entendre les préoccupations et attentes des élus ; associer les élus comme acteurs et partenaires du développement des centres sociaux.


L’écriture du « manifeste »


C’est sur cette proposition qu’une invitation a été lancée auprès d’une centaine d’élu.es.s de toute la France par le biais des fédérations locales et de leurs centres sociaux pour une rencontre au siège de la FCSF. Une trentaine d’entre eux ont répondu à cet appel, formant un panel assez représentatif de la diversité des types de territoires et mandats (maires/adjoints ; élus ruraux/élus urbains ; élus/élues ; élus de communes/élus d’intercommunalité …). La diversité politique était également au rendez vous.

À partir de méthodes participatives souvent utilisées par notre réseau, nos invités ont « planché » à partir de quelques questions : racontez-nous la manière dont vous percevez les centres sociaux dans vos territoires, vos villes, vos inter-communalités ? Quel rôle repérez-vous ? Quels sont les apports de la présence d’un centre auprès des habitants, des territoires, des collectivités ?

La journée s’est révélée extrêmement riche. De ce partage d’expériences locales, des lignes de force ont émergé. Quatre apports des centres ont été mis en évidence : la fonction d’accueil et d’écoute ; la posture d’« activateur de citoyenneté » ; la capacité à « contribuer à la construction et à l’élaboration de politiques publiques et de stratégies de territoire » ; les savoirs faire pour « agir et coordonner des acteurs dans la mise en œuvre des politiques publiques des collectivités locales ».

Au cours des semaines qui ont suivi, ces apports ont été repris dans un texte, puis complétés par une série d’allers-retours avec les participants pour affiner le contenu. Fin mai le manifeste « Les centres sociaux, acteurs de cohésion sociale et de transformation des territoires » était né !
 

manifeste fcsf


Deuxième phase : Les centres sociaux vont à la rencontre de leurs élus pour leur présenter le manifeste


Nous sommes début juin et nous entrons dans la deuxième phase de la démarche. Son objectif : proposer à un maximum d’élus locaux de prendre connaissance du manifeste et éventuellement de le signer.

Des courriers partent dans les fédérations, les centres s’approprient la démarche, contactent des élus, font relais… le manifeste circule. Partout en France, les demandes d’entretiens se multiplient, des temps de rencontres entre élus et équipes d’administrateurs sont organisés.

Très vite nous remonte un vif intérêt des élu.e.s pour la démarche et le contenu du manifeste, et en particulier des territoires ruraux.

Les premières signatures arrivent, l’été aussi. Les signatures ne ralentissent pas. 100, 200, 300, pour aboutir au mois de novembre à plus de 600. Un chiffre au-delà des ambitions initiales.

Décision est prise de suspendre la démarche pendant la période électorale et nous profitons de l’invitation de l’Association des maires de France (AMF) a son congrès en novembre pour inviter l’ensemble des signataires à notre stand.


Les retombées


Il est encore tôt pour mesurer tous les bénéfices de la démarche mais nous constatons d’ores et déjà des retombées au niveau national et local

Pour la FCSF, elle s’inscrit dans une démarche globale d’influence des politiques publiques inscrite dans le projet fédéral national. Elle se différencie d’une approche classique de lobbying puisqu’il s’agit de nous positionner dans une offre de coopération avec les représentants politiques des collectivités locales et de co-construction de politiques publiques. L’affirmation de cette dimension dans le manifeste est incontestablement une avancée et une reconnaissance. Nul doute que cette démarche trouvera également sa place dans la préparation du congrès qui se tiendra en 2022, « Pour une société plus juste ».

Pour les acteurs des centres, le manifeste contribue à se projeter dans « l’après élection » et à construire les bases des relations avec les nouvelles équipes municipales. Des fédérations ont organisé avec les élus signataires de leurs territoires des conférences de presse locales et développé des prises de contacts avec les organisations locales d’élus. Des projets sont à l’étude : création de clubs d’élus, temps de rencontres entre administrateurs et élus, des temps d’échange autour de préoccupations communes (jeunesse, prévention du vieillissement, transition énergétique. numérique, engagement citoyen …) ou encore l’organisation de formations


Un texte de référence


Le manifeste se révèle d’ores et déjà comme un texte de référence de tout premier ordre.

Déjà par le fait qu’il émane d’élus qui témoignent de leurs préoccupations premières, de leur volonté à travailler à « faire société », de leur intérêt pour la démocratie participative (cf. ci-dessous).

Aussi parce qu’il identifie la présence d’un centre comme « une chance et un atout » pour le territoire et ses habitants en nommant explicitement quatre apports : le centre Social « lieu d’accueil pluri-générationnel et d’ouverture à tous » ; le centre social « activateur de citoyenneté » ; le centre social « co-constructeur de politiques publiques et de stratégies de territoire » ; le centre social « acteur de politiques publiques »

Le Manifeste confirme l’importance de « l’alliance entre centre social et collectivité locale, au service du territoire, de son projet et de ses habitants » et de la « reconnaissance renforcée également de la plus value d’une coopération locale, qui reconnaisse la place et la singularité de chaque acteur » !

 


 

L’objet du manifeste

Nous, élus de petites et grandes collectivités bénéficiant de la présence de Centres Sociaux, en milieu rural, péri-urbain ou urbain, de différentes régions de France, voulons manifester notre attachement aux Centres Sociaux et nos convictions sur le rôle fondamental qu’ils jouent dans nos territoires.

Nous adressons ce témoignage à tous les élus locaux, actuels ou futurs, afin de leur faire part de l’intérêt que constitue la présence d’un Centre Social dans un quartier, un village, un territoire, aux côtés d’autres acteurs qui œuvrent avec eux et à nos côtés à un « meilleur vivre local » toujours à entretenir et à renouveler.

 

Les préoccupations des élus pour les territoires

Nous réaffirmons en premier lieu que :

  • justice sociale et égalité territoriale font partie de nos préoccupations permanentes,
  • nous sommes amenés à appréhender de multiples questions qui touchent la vie des gens et contribuent au devenir de nos territoires ou peuvent le fragiliser,
  • éducation, logement, santé, numérique, culture, loisirs, discriminations, sécurité, emploi, citoyenneté, économie locale, cadre de vie et tous autres besoins exprimés par les habitants sont autant de dimensions que nous sommes amenés à appréhender,
  • il nous faut travailler à « faire société » pour faire que les uns et les autres puissent vivre ensemble dans le respect des histoires et des destins différents.
  • la démocratie élective doit pourvoir s’exercer en complémentarité de formes multiples de la démocratie participative permettant aux habitants d’exprimer leurs points de vue, d’agir à nos côtés et en complémentarité avec notre action

 

Les besoins des territoires vus par les élus

Nous confirmons en conséquence que nos territoires ont besoin :

  • de services publics et de services aux publics de qualité
  • d’acteurs et d’interlocuteurs engagés au profit de l’intérêt général,

mais aussi de lieux :

  • où les gens soient accueillis mais plus encore écoutés, entendus, orientés
  • où puissent se réfléchir et construire des démarches collectives
  • où les forces vives et acteurs puissent se rencontrer et se concerter
  • où les habitants soient considérés comme des personnes et des acteurs
  • où les questions sociales et culturelles soient exprimées et mises en débat
  • où l’on puisse se mettre autour d’une table, réfléchir ensemble et définir des stratégies


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