Cet article est une contribution à la version numérique enrichie de la Tribune Fonda n°243.
Il ne figure pas dans la revue papier.
Nous remercions Dominique Thierry, président d'honneur de France Bénévolat, pour la rédaction de cet article.
Le défi de la transition écologique concerne tout le monde, pas que les gouvernements et les associations écologiques, donc tous les citoyens et toutes les associations.
France Bénévolat a souhaité s’engager sur cet enjeu sociétal prioritaire en développant un programme d’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD), désormais appelé « Planète, mon amie ® ». Ainsi, dans ce cadre, en 2016, à l’issue d’une « étude-action » et d’un colloque, France Bénévolat a initié, accompagné, renforcé une centaine de projets locaux.
Tous ces projets, parfois modestes mais concrets, doivent répondre à trois finalités conjointes :
- une finalité éducative, donc qui doivent contribuer, dans la durée, à faire changer les représentations, les comportements, les habitudes consommatrices…;
- une finalité opérationnelle : faire quelque chose auprès de chez soi ;
- une finalité d’engagement : faire en sorte que les citoyens ainsi actifs deviennent durablement « éco-bénévoles », si possible dans des associations instituées, mais également dans tout collectif (« association de fait ») : établissement d’enseignement, maison de retraite, foyer de jeunes travailleurs, immeuble, quartier.
Ces projets se situent actuellement sur quatre champs opérationnels principaux, « accessibles » à des citoyens engagés, devenant ainsi « éco bénévoles » :
- le recyclage et l’économie circulaire : implication dans le dispositif Batribox® de SCRELEC pour récupérer des piles usagées ;
- la découverte de la nature et préservation de la biodiversité : participation à des jardins partagés, notamment avec l’association Espaces ;
- la diminution du taux de CO2 par la plantation d’arbres avec l’association « Plant for the Planet ».
- des actions collectives de nettoyages de « zones » (zones humides, parcs, quartiers,…)
Exemples de projets
Le programme « Planète, mon amie ® » peut se déploie sous forme de différents projets :
- Animation dans des établissements scolaires sur le recyclage, l’économie circulaire à partir du dispositif Batribox ®.
- Conception et production de fours économes pour deux villages du Burkina Faso (en partenariat avec des élèves de l’école des Mines de Paris).
- Six projets de jardins partagés avec l’Association Espaces en Ile de France
- Montage d’une pièce de théâtre sur le thème de l’EEDD (Avril Enchanté-Paris 10°)
- Démarche dans la durée de France Bénévolat Aude avec trois premiers projets opérationnels (nettoyage de 2 zones urbaines, nettoyage d’un espace marécageux de nidification, propreté d’un « quartier difficile)
- Restauration du plus vieux moulin de France (Grosville- Manche) avec forte implication d’un lycée professionnel et d’un institut médico-pédagogique (IMP).
- Conduite de trois projets comme support d’animation sociale de l’’EPHAD de Lagord (Charente- Maritime (jardin partagé, labourage à l’ancienne d’une « jachère fleurie » et construction d’un poulailler pour élimination des déchets organiques.
- Projet d’année avec une classe de 1ère au lycée Senez d’Hénin-Beaumont sur le thème de la pomme et des pommiers.
- Projet « Incroyables jardiniers » avec des jeunes de la Mission locale de Poitiers.
- Défilé de mode à partir de vêtements récupérés (Chelles).
- …
Partenariats et perspectives
France Bénévolat a noué cinq partenariats spécifiquement centrés sur le programme « Planète, mon amie ® »: le fonds de dotation Oikos, la fondation Nature & Découvertes, le réseau École et Nature, l’association Espaces et l’association « Plant for the Planet ».
Des premiers enseignements peuvent être tirés de cette expérience.
- Sous réserve de projets adaptés et d’une ingénierie de projet solide, il est facile de mobiliser des jeunes (via ce programme, France Bénévolat toutes les générations, mais le plus souvent « ce sont les jeunes qui tirent » !).
- Comme d’habitude pour des projets innovants, la difficulté est de convaincre les responsables institutionnels : établissements d’enseignements, enseignants, centres sociaux, Ehpad, collectivités territoriales…L’association y parvient en identifiant « des acteurs décalés » qui ont envie d’ouvrir leurs institutions pour de la co-construction (France Bénévolat joue son rôle, maintenant bien maitrisé, « d’ensemblier territorial »).
France Bénévolat doit parvenir à identifier sa valeur ajoutée: le plus souvent, il s’agit de saisir l’opportunité d’une rencontre avec un acteur motivé qui ne sait pas trop comment s’y prendre, en apportant des exemples transférables et un appui méthodologique.
Un exemple parmi la centaine de projets du programme : « Au fil des saisons au jardin solidaire Hérold »
Pendant l’année scolaire 2018/2019, les enfants de l’école maternelle de la rue de Romainville (Paris XIXe) ont suivi des ateliers de jardinage écologique. L’année s’est conclue par une sortie organisée par France Bénévolat au Jardin du Piqueur, ferme pédagogique située dans le Domaine national de Saint-Cloud.
Le jardin Hérold est un square public un peu secret du XIXe arrondissement de Paris. Il occupe sur 2 800 m2 une partie du site de l’ancien hôpital Hérold. Entouré d’un lycée, d’un Ehpad, d’une crèche et d’immeubles, c’est un jardin solidaire et partagé où l’on trouve des jeux pour enfants, des bacs à compost et un hôtel à insectes.
Aujourd’hui, par une belle matinée de juin 2019, il est bien fleuri et accueille une classe de l’école maternelle de la rue de Romainville. Conduite par son enseignante, accompagnée de parents et de bénévoles de France Bénévolat, la classe est chaleureusement accueillie par trois salariés de l’association Espaces : Florelle, la responsable du jardin, et deux éco-jardiniers qui proposent plusieurs ateliers.
Semer, arroser, croquer
Un éco-animateur montre aux enfants, très attentifs, une pelle et une bêche et on leur explique leur utilité. Florelle leur montre comment fonctionne un outil plus mystérieux : le bras à compost. À tour de rôle, ils se mettent à deux pour l’enfoncer et le faire tourner dans le bac. Les enfants qui sont déjà venus une fois au cours de l’année se souviennent bien qu’ils ont semé des radis.
Aujourd’hui ils vont pouvoir les cueillir, les laver et les croquer. Ils adorent et scandent : « On a trouvé des radis ! » Ils goûtent de la coriandre et des framboises, observent dans une pépinière des bébés courges et des bébés poireaux. Ensuite ils sèment et arrosent des radis. Enfin, ils se serrent autour de Monique Belamich, responsable (avec Denis, présent lui aussi) de l’antenne de France Bénévolat du XIXe arrondissement de Paris. Elle leur lit une histoire, une histoire de fruits bien sûr. Ils font ensuite des jeux de mémorisation. Après une petite collation et un tour à l’aire de jeux, la petite troupe regagne l’école.
Un projet intergénérationnel
Ces ateliers jardinage ont eu lieu au cours de l’année scolaire 2018-2019 et seront reconduits. Ils ont été imaginés par Monique Belamich qui avait rencontré l’association Espaces lors d’un colloque organisé par France Bénévolat. Espaces avait alors présenté les ateliers organisés au jardin Hérold pour sensibiliser les enfants citadins de REP (Réseau d’éducation prioritaire) à l’environnement.
Monique qui intervenait depuis plusieurs années dans l’école maternelle de la rue de Romainville pour lire des histoires aux enfants (dans le cadre de l’association Lire et faire lire) a proposé un projet intergénérationnel sur trois ans à la directrice, Sandrine Teboul qui a tout de suite été partante. Le projet a ensuite été adopté par le conseil d’école. Il est soutenu par Nature et Découvertes.
Par ailleurs, en particulier sous l’impulsion d’Eliane Goudet, également bénévole à France Bénévolat, un accord-cadre a été signé entre Espaces et France Bénévolat. Une dizaine de projets communs sont à l’œuvre dans le cadre du programme Planète, mon amie ! ®, consacré à l’éducation à l’environnement et au développement durable et à la transition écologique
Travailler sur le langage
Pour la directrice, ces ateliers s’intègrent bien dans le projet de l’école qui est de sensibiliser les enfants au développement durable, d’ouvrir l’école aux parents et aux partenaires extérieurs, de développer l’intergénérationnel et de travailler sur le langage. « Le bilan est très positif. Les parents ont accompagné les classes, ce qui leur a donné l’occasion de découvrir ce jardin un peu caché et de participer pleinement aux activités. Les enfants ont noué des liens forts avec les membres du jardin et les bénévoles. Ils ont appris de nouveaux mots, de nouvelles notions qui ont ensuite été reprises en classe et dans l'école puisqu'ils sont amenés à jardiner régulièrement. L’école dispose d’ailleurs d’un composteur et les parents y apportent des épluchures. Les séances de jardinage ont été autant de situations de langage qui ont amené les élèves à échanger entre pairs et avec les adultes. »
Caresser des animaux
L’année s’est terminée en beauté par une grande excursion organisée par France Bénévolat. Les six classes de l’école, toute l’équipe enseignante, de nombreux parents et des bénévoles se sont rendus en car au Jardin du Piqueur, vaste ferme pédagogique située dans le Domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Ils ont été accueillis par Tristana, la directrice du Jardin du Piqueur, qui gère ce magnifique site. Après un pique-nique à l’ombre de grands arbres, les enfants ont suivi plusieurs ateliers. Ils ont cueilli des fleurs et des feuilles pour réaliser des empreintes dans de l’argile. Ils ont goûté des plantes aromatiques comme la menthe douce et la menthe poivrée. Ils ont observé des canards et des oies avant de pénétrer dans des enclos où ils ont pu caresser des chèvres, des poules et des lapins.
« Cette très belle journée au grand air a enchanté les enfants qui ont pu sortir de l’Est parisien pour découvrir un domaine magnifique, conclut Sandrine Teboul, la directrice. Cette sortie a parachevé le travail que nous avions mené tout au long de l’année autour de la sensibilisation au développement durable et au développement d’une conscience citoyenne et écologique. Elle a constitué le point d’orgue du projet mené toute l’année avec France Bénévolat. »